-DR-SUMMER d'Alanté Kavaté, (2015) p7
26/07/2017 14:28 par tellurikwaves
Sangaïlé, une jeune fille de 17 ans, passe l’été avec ses parents dans leur villa au bord d’un lac de Lituanie. Comme chaque année, Sangaïlé se rend au show aérien. Cette fois,elle y fait la connaissance d’Austé, une fille de son âge, aussi extravertie que Sangaïlé est timide et mal dans sa peau.Une amitié va s’épanouir dans la sensualité de l’été…
L’amitié amoureuse entre deux jeunes filles est un thème qui séduit les réalisateurs du monde entier, mais si le film s’éloigne du simple voyeurisme, il peut être le creuset d’émotions universelles…La réalisatrice lituanienne explique pourquoi elle a choisi de raconter cette relation !
Q-D’où vous est venue l’idée de SUMMER ?
AK-Pendant quelques années, dans la région Centre, j’ai animé des ateliers de cinéma avec des adolescents et j’ai éprouvé un grand plaisir à travailler avec eux et surtout à les filmer. Leur capacité à recevoir et à exprimer les choses, avec une intensité qu’on n’a plus à l’âge adulte, m’a vraiment inspirée. J’ai été captivée par leur spontanéité, leur liberté et leur candeur. Cette expérience m’a conduite à repenser à ma propre adolescence en Lituanie.
Q-Le film est autobiographique ?
Non, même s’il y a un peu de moi. Une vingtaine d’années me séparent de mes personnages : les souvenirs sont encore très vifs, même dans le corps. En même temps, la distance permet de les analyser de façon sereine. Cette période a été difficile pour moi comme pour beaucoup, mais aujourd’hui, je n’en retiens que les belles choses. Les obstacles qui semblaient insurmontables à cet âge-là se relativisent avec le temps. En revanche, les joies de l’adolescence restent aussi intenses. Ces errances, souffrances et tendances autodestructrices ne sont que des étapes pour trouver l’équilibre, s’émanciper et grandir.
Il ne faut pas les dramatiser à outrance. Il y a peu de films lumineux sur l’adolescence et j’ai voulu, tout en abordant certains traits assez durs, notamment le comportement autodestructeur, faire quelque chose de léger et de pop. J’ai surtout voulu tourner le film qui m’aurait fait du bien à 17 ans. J’ai écrit l’histoire de Summer avec, comme guide, cette idée qu’il suffit parfois d’une rencontre et d’un regard bienveillant pour que les choses deviennent plus simples. J’ai eu envie que ce regard-là vienne d’une autre jeune fille.
Q-Pourquoi une histoire d’amour entre filles ?
AK- Evacuer la question du genre m’a paru indispensable pour concentrer le récit sur l’être humain en construction qui est au coeur de cette histoire. Si j’avais choisi un couple hétéro, je me serais retrouvée avec un garçon fort qui aide une jeune fille à surmonter ses faiblesses. Ce n’était pas possible. Je joue avec la symétrie, avec le fait que l’autre est un miroir inversé, il devient ainsi le révélateur de ses défauts et de ses contradictions. J’ai imaginé Austé comme le contraire de Sangaïlé. Et c’est parce qu’elle est à l’opposé d’elle qu’Austé peut la surprendre, la bousculer et lui donner l’impulsion d’agir.
Q-L’homosexualité est-elle encore taboue en Lituanie ?
AK-Même si ce n’était pas ma motivation première, Summer est le premier film LGBT lituanien. Il était temps tout de même ! La Lituanie est en retard de ce point de vue. J’étais à la Gay Pride à Vilnius pendant la préparation du film. Lorsque nous sommes passés à côté de la cathédrale, une vingtaine de vieux ont pointé des croix vers la procession. Comme si on était des vampires ! C’était à la fois hallucinant, pittoresque et pathétique. Eux, il n’y a aucune chance de les changer. A la limite, je ne peux même pas leur en vouloir : cette génération est passée par des choses tellement dures, comme la guerre, l’occupation soviétique et les déportations en Sibérie.
Plus loin dans la marche, il y avait quelques skinheads qui lançaient des tomates sur le défilé. Ceux-là sont davantage inquiétants mais heureusement, ils ne sont qu’une petite minorité et pas très violents, même si le geste de lancer une tomate reste une agression. Ces jeunes de l’extrême droite n’ont pas de représentation politique significative (l’extrême droite lituanienne est atomisée en micros partis qui n’ont aucun poids politique). Enfin, j’ai l’impression que c’est juste une question de temps. Par exemple, une grande part du financement vient du centre du cinéma lituanien.
Je sais que le jury qui attribue les aides est composé de personnes de toutes les générations. Même chose pour mon équipe qui comptait une trentaine de personnes très différentes. A aucun moment, avec aucune d’entre elles, l’homosexualité n’a été un sujet !
Summer a obtenu plusieurs récompenses :
Prix de la Mise en Scène Sundance 2015 /
Berlin Panorama 2015 / Silver Cranes Awards
Meilleur Film,/ Meilleur Actrice pour Julija Steponaityté
Meilleur Décor (« César » en Lituanie)
Summer
est un film lituanien réalisé par Alanté Kavaïté, sorti en 2015.Le film a été sélectionné comme entrée lituanienne pour l'Oscar du meilleur film en langue étrangère à la cérémonie des Oscars cérémonie des Oscars qui a eu lieu en 2016.Après Écoute le temps sorti en 2006, c'est le second long métrage d'Alanté Kavaïté.
Résumé
Sangaïlé, une jeune fille de 17 ans, passe l’été avec ses parents dans leur villa au bord d’un lac de Lituanie. Comme chaque année, Sangaïlé se rend au show aérien. Cette fois,elle y fait la connaissance d’Austé, une fille de son âge, aussi extravertie que Sangaïlé est timide et mal dans sa peau.Une amitié va s’épanouir dans la sensualité de l’été…L’amitié amoureuse entre deux jeunes filles est un thème qui séduit les réalisateurs du monde entier, mais si le film s’éloigne du simple voyeurisme, il peut être le creuset d’émotions universelles…
Marylin M